Décrypter le cancer du poumon :
vers des traitements plus efficaces et personnalisés
Le cancer du poumon est le cancer le plus mortel, responsable de 40 000 décès par an en France (dont 18 000 chez les femmes) et de 1,8 million dans le monde.
Si le nombre de cas chez les hommes reste stable, il augmente fortement chez les femmes.
Des traitements innovants, mais des résistances fréquentes
L’arrivée récente de l’immunothérapie et des thérapies ciblées a profondément transformé la prise en charge des patients et suscite un grand espoir pour réduire ces chiffres.
Cependant, tous les patients ne répondent pas de la même façon à ces traitements. Des résistances apparaissent souvent, provoquant des rechutes.
Améliorer l’efficacité et la durée des réponses thérapeutiques, en luttant contre ces résistances, est un défi majeur.
Mieux comprendre la réponse aux traitements
- L’immunothérapie permet d’obtenir des réponses thérapeutiques durables, mais chez un nombre relativement restreint de patients. Il est donc essentiel de comprendre pourquoi certains répondent moins bien que d’autres, afin d’en améliorer l’efficacité.
- Les thérapies ciblées fonctionnent généralement bien au départ chez les patients porteurs d’altérations génétiques spécifiques (EGFR, ALK, ROS1, RET). Mais leur efficacité diminue avec le temps, en raison de la persistance d’une maladie résiduelle, souvent invisible aux examens, qui favorise l’apparition de résistances.
Comprendre la biologie des tumeurs avant traitement, dans la maladie résiduelle et en cas de récidive est indispensable pour développer des traitements plus personnalisés et capables d’améliorer significativement la prise en charge des patients.
LES TRAVAUX DES EQUIPES DU CRCT
Au CRCT, deux équipes de recherche, SIGNATHER et NetB(IO)², collaborent étroitement avec l’équipe d’oncologie thoracique du CHU de Toulouse (Pr. Julien Mazières) pour répondre à ces enjeux.
Équipe NetB(IO)² : Comprendre la réponse immunitaire et le pronostic
L’équipe NetB(IO)², dirigée par le Dr. Vera Pancaldi, a identifié différents sous-groupes de cellules immunitaires au sein des tumeurs pulmonaires. Ces sous-groupes peuvent être associés à un bon ou à un mauvais pronostic pour les patients (Hurtado M. et al., Front Immunol 2024). Comprendre la fonction de ces cellules immunitaires pourrait aider à prédire les patients plus susceptibles de répondre aux traitements. Ces travaux se basent sur des données souvent disponibles en contexte clinique et des approches bio-informatiques novatrices, présentés dans le congrès mondial de bioinfo à Liverpool et au congrès mondial sur le cancer de poumon à Barcelone en 2025.
D’autres études dans l’équipe visent l’amélioration des thérapies, notamment avec la mise au point d’une nouvelle immunothérapie développée par le Dr. Mary Poupot, récemment soutenue par la fondation BMS.
Équipe SIGNATHER : Combattre la maladie résiduelle et les résistances
Une étude de l’équipe SIGNATHER, dirigée par le Dr. Olivier Sordet et Olivier Calvayrac, a caractérisé les cellules de la maladie résiduelle en réponse aux thérapies ciblées. Cette étude a permis d’identifier une rare fraction de cellules à l’origine des résistances (Figarol S. et al., Nat Commun 2024).
Cette caractérisation a permis d’identifier un traitement capable de prévenir l’émergence de résistances dans des modèles précliniques. Ce traitement est actuellement testé dans un essai clinique chez les patients (NCT06026410).
Le réseau COALA : une coordination nationale
L’INCA a accrédité le premier réseau national de recherche sur le cancer du poumon, coordonné depuis Toulouse par le Pr Mazières.
Le réseau COALA rassemble les meilleures équipes françaises de recherche fondamentale et translationnelle.
PERSPECTIVES POUR L’AVENIR
À court et moyen terme, ces travaux pourraient permettre de nouvelles stratégies thérapeutiques pour prévenir ou retarder l’apparition des résistances et améliorer l’efficacité des immunothérapies.
À plus long terme, ils ouvriraient la voie à des traitements personnalisés, adaptés aux caractéristiques moléculaires de chaque patient.
AGIR ET INNOVER ENSEMBLE
La lutte contre le cancer du poumon est un défi majeur qui nécessite une action collective. Au-delà des avancées scientifiques et des nouvelles stratégies thérapeutiques, la prévention reste essentielle, notamment par l’arrêt du tabac et le dépistage précoce. Par ailleurs, la qualité de l’air et la réduction des facteurs environnementaux jouent un rôle important dans la prévention.
Enfin, l’implication active des patients dans la recherche, notamment via des échanges avec des associations telles qu’ALK-ROS, enrichit nos travaux et contribue au développement de traitements plus personnalisés et efficaces.
Ces efforts conjoints, menés par chercheurs, soignants, patients et citoyens, participent à l’amélioration continue de la prise en charge du cancer du poumon.