Septembre en Or : comprendre et soigner les cancers pédiatriques
Chaque année en France, plus de 2 500 enfants et adolescents sont atteints d’un cancer. Malgré les progrès, près de 500 en meurent encore, faute de traitements adaptés à leur âge. Les cancers pédiatriques ne sont pas les mêmes que ceux de l’adulte : ils ont des mécanismes biologiques spécifiques et nécessitent donc une recherche ciblée.
Les plus fréquents sont :
• les leucémies aiguës (30 % des cas),
• les tumeurs cérébrales (25 %),
• les lymphomes (10–15 %).
Les grands enjeux de la recherche :
• Diagnostic précoce : pour améliorer les chances de survie et limiter les séquelles.
• Accès aux traitements innovants : beaucoup de cancers pédiatriques n’ont pas de thérapies spécifiquement développées pour eux.
• Suivi à long terme : les enfants guéris peuvent garder des séquelles physiques ou cognitives dues aux traitements.
• Recherche fondamentale et clinique : comprendre les mécanismes des cancers rares pour créer des traitements ciblés et des biomarqueurs permettant un suivi plus personnalisé.
ÉQUIPE R’N BLOOD
MIEUX COMPRENDRE LES LYMPHOMES ANAPLASIQUES ALK(+)
Le lymphome anaplasique à grandes cellules, ou LAGC, concerne environ 15 % des cas chez les enfants, adolescents et jeunes adultes. C’est le lymphome pédiatrique le plus courant. Il s’agit d’une forme agressive, souvent liée à une anomalie génétique appelée translocation chromosomique NPM-ALK ou t(2;5) Cette anomalie correspond à un échange de matériel génétique entre deux chromosomes : le chromosome 2, qui porte le gène ALK, et le chromosome 5, qui porte le gène NPM. Même si ce cancer répond plutôt bien à la chimiothérapie, environ 1 jeune patient sur 3 connaît une rechute précoce, ce qui rend la maladie beaucoup plus difficile à soigner. C’est pourquoi il est essentiel de mieux comprendre les mécanismes qui provoquent ce cancer et ceux qui expliquent sa résistance aux traitements.
Le groupe de recherche de Fabienne MEGGETTO de l’équipe R’n Blood est reconnu pour son expertise dans l’étude de ce cancer. Son équipe a déjà joué un rôle clé pour mieux caractériser ce lymphome.
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Ces travaux ont permis de montrer que, sous l’influence de la translocation chromosomique NPM-ALK, les LAGC peuvent se développer à partir de certaines cellules du système immunitaire les lymphocytes T. Dans ce processus, une modification de l’ADN appelée méthylation modifie profondément l’identité de ces cellules, ce qui les rend incapables de fonctionner normalement et les transforme en cellules cancéreuses LAGC NPM-ALK(+) (Congras et al., JCI 2020).

Les ARN constituent une grande famille de molécules issues de nos gènes. Les plus connus sont les ARN messagers (ARNm), qui servent de mode d’emploi pour fabriquer les protéines. Mais il existe aussi d’autres types d’ARN, dits non codants, qui ne fabriquent pas de protéines mais jouent un rôle clé dans la régulation du fonctionnement des cellules. Parmi eux, on trouve par exemple les microARN et les ARN circulaires (circARN), aujourd’hui au cœur de nouvelles recherches.
Grâce au soutien de l’association Eva pour la vie, l’équipe a pu, pour la première fois, établir le profil des ARN codants et non codants présents dans des biopsies de patients. Ces travaux ont démontré que les microARN, eux aussi modifiés par méthylation, jouent un rôle central dans la résistance à la chimiothérapie et aux thérapies ciblées anti-ALK (Hoareau-Aveilla et al., JCI 2015). En 2021, grâce au financement conjoint des associations Eva pour la vie et Grandir sans cancer, l’équipe a acquis un appareil novateur dans l’identification des ARN, appelé séquenceur MinION Nanopore et publié un protocole innovant permettant d’étudier une autre famille d’ARN non codant encore méconnue, les ARN circulaires (Fuchs et al., PLOS One 2022). Cela a permis de montrer de manière inattendue, que certains ARN circulaires sont exprimés dans les lymphocytes T cancéreux, alors qu’ils sont absents des lymphocytes T normaux. Ces molécules, connues pour être très stables, pourraient donc constituer de nouveaux biomarqueurs (molécules dosées chez les patients à partir de prélèvements peu invasifs telle qu’une prise de sang) permettant à la fois de prédire la résistance aux traitements et de suivre la réponse des jeunes patients aux thérapies.
Aujourd’hui, le groupe de recherche se concentre sur le rôle des ARN circulaires dans le développement du LAGC NPM-ALK(+) et dans la résistance aux traitements. Ce programme ambitieux bénéficie du soutien de nombreuses associations, telles que Le Sourire de Lucie, Association Cassandra, La Société Française des Cancers de l’Enfant, La Fondation Toulouse Cancer Santé, ainsi que d’initiatives locales comme Lions Club de Tournefeuille et de Lourdes/RACCE et Le marcheur au grand cœur/Fondation Bâtisseurs d’étoiles.

En 2023, l’équipe a également obtenu un financement de l’Institut National du Cancer (INCa) dans le cadre de l’appel à projets PRT-K du Programme de Recherche Translationnelle en Cancérologie (INCa-DGOS). Ces travaux ont par la suite reçu, en 2024, la labellisation de la Fondation pour la Recherche Médicale (FRM), preuve de leur qualité scientifique, ainsi que le soutien de l’agence de valorisation Inserm Transfert, qui renforce le lien entre recherche fondamentale et recherche translationnelle.
Ces soutiens, rendu possible par la générosité de chacun, permet à la recherche de progresser chaque jour pour offrir de nouveaux espoirs aux enfants malades.

De gauche à droite : Fabienne MEGGETTO, DR1 CNRS, Laurence LAMANT, PU-PH CHU de Toulouse, Loélia BABIN, chercheuse post-doctorante, Steffen FUCHS, chercheur post-doctorant, Chloé BESSIERE, chercheuse post-doctorante, Elissa ANDRAOS, étudiante en thèse, Sandra DAILHAU, ingénieure de recherche, Lola COLRAS, ingénieure d’étude.
EQUIPE IGAALD
LUTTER CONTRE LES LEUCEMIES AIGUËS DE L’ENFANT
Spécialisée dans l’identification d’altérations génétiques chez les patients atteints de leucémies aiguës de l’enfant, l’équipe IGAALD du CRCT a mis en évidence des altérations dans certains gènes impliqués dans le développement de leucémies de l’enfant.
Ainsi, le gène PAX5 a été retrouvé altéré chez des patients atteints de leucémies aiguës lymphoblastiques B (LAL-B) (Duployez et al., Blood 2021 ; Jamrog et al., PNAS 2018). Les LAL-B représentent les cancers pédiatriques les plus fréquents. Les traitements par chimiothérapie réduisent efficacement la masse tumorale et induisent une rémission à long terme. Cependant, une sous population cellulaire peut échapper au traitement et servir de réservoir pour la rechute de la maladie, événement très péjoratif pour la survie du patient. Le développement de nouvelles thérapies ciblant ces cellules initiatrices de ce cancer représente donc un enjeu essentiel d’amélioration du traitement de ces patients.
L’équipe a également identifié des mutations familiales de 2 gènes importants dans la production des cellules souches de la moelle osseuse, GATA2 et DDX41 (Pasquet et al., Blood, 2013 ; Donadieu et al., Haematologica 2018 ; Duployez et al., Blood 2022) (3–5). Les mutations familiales de GATA2 sont associées au développement de syndromes myélodysplasiques (SMD) et de leucémies aiguës myéloïdes (LAM) familiales chez les enfants et les jeunes adultes (Largeaud et al., Haematologica 2023) (6). Le traitement de ces pathologies, bien que rare, est un défi pour la communauté scientifique et médicale puisque l’utilisation de chimiothérapies n’est pas suffisante pour leur survie et l’allogreffe reste actuellement l’unique alternative thérapeutique. Dans ce contexte, d’importants efforts de recherche fondamentale et translationnelle sont consacrés à la découverte de nouvelles thérapies ainsi qu’à la détermination du moment opportun pour proposer la greffe au patient.
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Pour atteindre cet objectif, la compréhension des mécanismes cellulaires et moléculaires qui régissent le développement de la maladie représente une étape majeure à franchir. Grâce au soutien des associations “Capucine”, “Cassandra”, “Constance la petite guerrière astronaute”, “Eva pour la vie”, ”,“Fondation Toulouse Cancer Santé”, “Laurette Fugain”, “Les 111 des Arts Toulouse”, “Les super héros contre le cancer”, et “ Société Française Cancers Enfant”, l’équipe IGAALD a pu développer des modèles cellulaires et murins génétiquement modifiées pour récapituler l’histoire naturelle de ces deux maladies avec pour objectif de définir les mécanismes biologiques par lesquels les altérations génétiques impliquées conduisent au développement leucémique chez les enfants. L’équipe utilise ces modèles d’études pour identifier les cellules qui sont à l’origine de la maladie appelées cellules souches leucémiques (Fregona et al., Cancers 2021). Notamment, les travaux récents montrent que les mutations du facteur de transcription PAX5 induisent un état pré-leucémique et conduisent à sélectionner des cellules souches leucémiques résistantes aux traitements mimant ainsi les caractéristiques des cellules responsables des rechutes de la LAL-B (Fregona et al., J. Exp. Med. 2024 ; Bayet et al., Cancer Res. 2025). De plus, d’autres travaux récents de l’équipe démontrent qu’une mutation récurrente du facteur de transcription GATA2 conduit à un déclin de la fonctionnalité des cellules souches normales du sang, modélisant ainsi les premières étapes du SMD familiale (Largeaud L et al., Blood Cancer J. 2025).
L’ensemble des projets menés par l’équipe IGAALD se trouve à l’interface entre la recherche fondamentale et translationnelle, la compréhension des processus biologiques contrôlant l’initiation leucémique devrait aboutir à la mise en place de thérapies innovantes ciblant les cellules responsables de l’initiation et de la résistance de ces cancers pédiatriques.

LE CONSORTIUM CIRCLE
En 2025, l’Institut National du Cancer (INCa) a labellisé le consortium CIRCLE en tant que 4ème centre d’excellence en cancérologie pédiatrique en France. Dirigé par le Pr. Marlène PASQUET, et porté par le GCS-Oncopole, ce consortium réunit les principaux centres de recherche et de soins de Toulouse, Bordeaux et Montpellier, incluant l’équipe IGAALD ainsi que le groupe de Fabienne Meggetto, membre de l’équipe R’n Blood du CRCT. Au travers de deux programmes de recherche intégrés, les objectifs de CIRCLE visent à surmonter les résistances thérapeutiques, à améliorer la guérison post-cancer et à étudier les déterminants sociaux et territoriaux de la santé.
EVENEMENT NATIONAL
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Samedi 13 septembre 2025 À l’occasion de Septembre en Or, mois international de sensibilisation aux cancers de l’enfant, une grande journée nationale de mobilisation aura lieu.
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Centre de Recherches en Cancérologie de Toulouse (Oncopole)
Toulouse – FR
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